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alain de benoist - Page 48

  • La revue de presse d'un esprit libre... (33)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    L’Ukraine est à l’épicentre du nouveau conflit Est-Ouest. Ce conflit est global ou « hybride » ce qui signifie qu’il ne mobilise pas principalement des armées ou des milices, mais qu’il implique outre la diplomatie, l'économie, le juridique et le médiatique, dans l’espoir d’aboutir à des révolutions colorées. C’est ce qu’explique Lucien Cerise, auteur récemment d’un livre intitulé « Retour sur Maïdan » (édition Le Retour aux sources) dans le premier Libre Journal de Jean-Michel Vernochet (audio). Selon les animateurs de cette émission les docteurs Folamour du Congrès US sont capables de se lancer dans une guerre conventionnelle contre la Russie, l’Iran ou la Corée, quoiqu’en ait le président Trump en butte aux manipulations de l’État profond américain :

     
    Clin d’oeil amusé de Slobodan Despot sur l’arroseur (l’Ukraine de Poroshenko) arrosé (les États-Unis). Il serait en effet cocasse de devoir constater que les propulseurs utilisées par la Corée du Nord pour lancer ses fusées intercontinentales proviennent d’Ukraine, l'indéfectible allié du camp occidental dans sa lutte contre tous les totalitarismes : 
     

    Selon Xavier Moreau, analyste français opérant depuis la Russie, les nouvelles sanction contre la Russie prises par le Congrès américain par dessus la tête de Donald Trump visent en fait le marché énergétique européen. Il s’en explique dans la vidéo ci-contre :

    L’hallali anti-Trump qui a saisi l’ensemble des médias du monde occidental à la suite des incidents de Charlottesville est révélateur du climat d’hystérie qui s’empare de nos sociétés dès qu’il y est question de « racisme ». Les foisonnants commentaires du président des États-Unis, personnage éminemment baroque, étaient certes louvoyants et finalement contradictoires. Dans un premier temps sa condamnation des suprémacistes blancs (comme disent ceux qui prétendent ne pas croire à l’existence des races) fut réputée trop molle aux yeux du pouvoir médiatique. Dans un second temps le président qui tweet plus vite que son ombre souligna qu’après tout la « haine » était des deux cotés. C’en était visiblement trop, en tous les cas plus que ne pouvait en supporter la médiasphère qui traitait de « nazis » les manifestants venus défendre la statue du général Lee, héros des armées sudistes, dont la municipalité de cette petite ville de Virginie venait de programmer le déboulonnage. Bien entendu dés que ce qualificatif terrifiant fait son apparition, il sidère et rend impossible toute réflexion argumentée, puisqu’il submerge le lecteur d’émotion. Bref, Trump est devenu le bouc émissaire du parti du bien qui ne se lassera plus d’exiger son scalp. Revenus de cette tempête médiatique, il apparaitra que dans un camp il y avait évidemment des « nazis » de carnaval, propres au folklore américain. Ces « losers » paradaient, attirant l’objectif des photographes et des caméras (c’est à ça que servent ces narcissiques névrosés qui sont d’autant plus portés à s’exposer que les médias semblent prendre au sérieux leur manifestation tapageuse, d’où leur grande utilité pour ceux qui ont intérêt à dissimuler aux populations la nature réelle d'une situation et de ses enjeux). Bien que leur présence fut des plus visibles (et même « obscène » au sens de Baudrillard) ils étaient cependant très minoritaires dans la foule bigarrée de ceux qui étaient venus défendre à Charlottesville l’entièreté de la mémoire américaine. Qui y avait-il parmi les contre-manifestants ? De paisibles anti-racistes, mais aussi des suprémacistes noirs (Black Lives Matter) ainsi que des militants trotskistes « antifa » venus pour la castagne dont ce n’est pas faire injure à l’honnêteté que d’affirmer qu’ils ne sont pas exempts de haine. Pourquoi les médias ne parlaient-ils pas des provocateurs nazis sous le règne d’Obama ? S’agit-il de créer l’illusion qu’une guerre civile est possible, que quelques milliers de cinglés dans un pays de 320 millions d’habitants suffiraient à la déclencher ? Allons donc ! Il ne s’agit que d’associer Trump à une imagerie négative. Cette indignation des médias qui se targuent d’antiracisme mais qui pratiquent à longueur d’articles et de reportages une xénophobie anti-russe, qui n’hésitent pas à soutenir des nazis du moment qu’ils sont ukrainiens, laisse songeur. Cette course à l’échalote a même fait des émules  parmi les géants du web (dont la charte inaugurale prévoyait de laisser quiconque, quelles que soient ses idées, accéder à la toile), c’est ainsi que le mastodonte Marc Zuckerberg a décidé d’emboîter le pas aux folliculaires et d’écraser la punaise brune en supprimant de Facebook plusieurs « groupes haineux ». À n’en pas douter, son geste sera unanimement salué comme un acte philanthropique. Ci-jointe la dernière émission d'I-Média de Jean-Yves Le Gallou et d’Hervé Granchamp sur Tv-Libertés traitant en une de cette affaire : 

    https://www.youtube.com/watch?v=oB0EOTzs7P4

    Nous savons bien que la guerre de Sécession ne se résumait pas à un conflit entre les gentils « progressistes » du Nord et les « méchants » esclavagistes du Sud. Les oppositions étaient fort nombreuses entre les deux camps. Par exemple le Sud, exportateur de denrées agricoles, était favorable au libre échange, tandis que le Nord où s’affirmait une économie industrielle était favorable au protectionnisme.
    De même s’opposaient-ils sur la conception fédérale ou confédérale de l’union. C’est la décision de Lincoln d’abolir l’esclavage qui mit le feu aux poudres ce qui ne dissuada pas certains États esclavagistes de rejoindre les troupes de l’Union qui voyait plus d’avantages, selon un point de vue purement capitaliste, dans le statut prolétaire d'une classe ouvrière émancipée du fardeau de la servitude (mais nullement de son aliénation) que dans un prolétariat au statut d'esclave. Les jugement rétroactifs que beaucoup sont tentés de porter sur des périodes anciennes en leur appliquant des valeurs contemporaines sont des non-sens que réprouvent tout historien digne de ce nom. Proscrire toute trace de l’héritage confédéré comme le réclame la gauche américaine est de ce point de vue là totalement stupide et relève d’un vandalisme pur et simple, qui n’est pas sans rappeler les fureurs iconoclastes des bandes takfiristes. Pour comprendre cette époque et les véritables circonstances de la guerre de Sécession nous renvoyons au livre de Dominique Venner « Le blanc soleil des vaincus », enrichi d’une belle préface d’Alain de Benoist et réédité en 2015 chez Via Romana :
     
     
    Sur le général Lee, prétexte aux événements de Charlottesville, on se reportera à l’entretien avec Vincent Bernard réalisé pour Figaro Vox par Eugénie Bastié. Cet historien qui ne verse dans aucune  légende dorée est aussi l'auteur de la dernière biographie du héros sudiste, objet de tant d’anachronisme, de méprises et de jugements hâtifs. Ses propos, sans parti pris, sont empreints de bon sens :
     
     
    Ci-dessous un tweet d'Edouart Chanot commentant les propos d’Houria Bouteldja qui réclame l’extension du domaine de la table rase des personnalités américaines ayant soutenu l’esclavage à celles, européennes, des « racistes » des « esclavagistes » et des « coloniaux » parmi lesquelles elle range, sans trop se soucier des réalités, le général de Gaulle... qui a libéré la France du fardeau de ses colonies… Rappelons à cette pétroleuse un brin loufoque que si nous la prenions au mot en éradiquant de la mémoire universelle tous les personnages qui n’avaient que le défaut d’être de leur temps il ne resterait pas grand chose de la geste arabo-musulmane au nom de laquelle elle prétend s’exprimer. L’amnésie historique dans laquelle l’école « républicaine » entretient dorénavant la plupart de ses commensaux aboutit à ces syllogismes oublieux de la contextualisation sans laquelle l’histoire n’est qu’une discipline de diafoirus qui ne peut déboucher que sur sa réécriture permanente dans une perspective orwellienne  :
     
     
    Ci-joint le zoom d’été de Tv Libertés consacré à Jean-Yves Le Gallou et Hervé Granchamp : 
     
     
    Le zoom d’été de tv-libertés va à la rencontre de François Bousquet, écrivain, journaliste et rédacteur en chef adjoint de la revue Éléments :
     
     
    Quand un média qui ne craint pas de pratiquer la contradiction et se dit en même temps attaché à la liberté de déplacement et d’installation des hommes partout dans le monde et de ce fait milite consciemment pour l’immigration sans retenue dans nos contrées et célèbre un peuple refusant l’incursion du moindre étranger sur ces terres afin de rester maître chez lui. Nous n’osons pas aller jusqu’à penser que ces « sauvages » se trouvent absous du pêché de « racisme » tout simplement parce qu’ils sont noirs. Ce serait tellement affreux d'imaginer des choses pareilles ! l’information provient du principal quotidien français d’origine chrétienne qui, c’est la paradoxe, s’engage fortement pour l’universalisation des valeurs « républicaine ». Article de Breizh info :
     
     
    « Face au défi qu'est la présence massive de l’islam sur le sol européen et la montée en puissance mondiale de l’islam politique, la conscience de notre héritage païen est une nécessité vitale, y compris pour le christianisme ». Ainsi s’exprime Aurélien Marq dans un article tout de subtilité sur le paganisme européen, le christianisme et l’islam.
     
     
    Le vote des catholiques lors des dernières élections présidentielles françaises analysé par Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’ifop:
     
     
    Pour le grand linguiste Claude Hagége « imposer sa langue, c’est imposer sa pensée ». Sa crainte est soutenue par l’extension implacable de l’anglo-américain d’aéroport qui tend à devenir la langue unique et, nous dit-il, cette langue unique (et « imprécise », ce qui rend d’autant moins acceptable sa prétention à l'universalité) pourrait fort bien déboucher sur une « pensée unique » et un « formatage des esprits ». Il ajoute « seuls les gens mal informés pensent qu’une langue sert seulement à communiquer. Une langue constitue aussi une manière de penser, une façon de voir le monde, une culture ». Hagége ? Un combattant de la diversité qui mène une guerre culturelle contre le néo-libéralisme et contre nos « élites vassalisées » et américanolâtres :
     
     
    « Opération Sentinelle : Nos soldats n’en peuvent plus ». Dans cet article publié par Alexandra Laignel-Lavastine au lendemain de l’attentat perpétré à la voiture-bélier par un Algérien contre 6 militaires à Levallois-Perret, il est question du triste état de nos armées soumises à des réductions de crédit répétitives. Attaqués de face par les islamistes, nos soldats en surchauffe ont désormais le sentiment d’être poignardés dans le dos par l’État. Enchaînant les missions sans discontinuer, souvent sans but précis sur le territoire métropolitain (le plus souvent pour les besoins de la com gouvernementale), ils sont progressivement gagnés par le sentiment d’inutilité et le découragement. Leur état de démoralisation est il compatible avec la « guerre » que l’on prétend mener ? Surement pas. Ce que nos soldats attendent des politiques c’est qu’ils définissent une véritable stratégie globale antiterroriste, mais ils ne voient rien venir à par les bonnes paroles :
     
     
    Le dernier livre de Richard Labévière « Terrorisme face cachée de la mondialisation » paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux fait l’objet d’une excellente fiche de lecture de Michel Drac. 
    En dehors des points concernant la mouvance proprement djiadiste, il se penche avec sagacité sur le réseau néo-conservateur et atlantiste français qui opère à partir du ministère des affaires étrangères et que les diplomates appellent « la meute ». Il examine pour finir les 7 propositions que formule Labévière pour lutter efficacement contre le terrorisme  :
     
     
    Rappelons que Labévière, rédacteur en chef de la revue en ligne Proche et Moyen Orient, est un ancien de RFI, poste dont il avait été viré par Christine Ockrent, épouse du néo-conservateur à la française Bernard Kouchner, pour des analyses manquant d’empathie  vis à vis de la politique arabe de l’État israélien. Depuis il n’a plus les faveurs de la presse de grand chemin. Son livre qui a fait l’objet d’une recension dans le dernier numéro de la revue Éléments sous la plume de Christian Brosio fut également le prétexte d’un entretien particulièrement éclairant avec l’auteur sur Radio Sputnik dans une émission dirigée par Edouart Chanot :
     
     
    Le site « Les crises » publie ce document, bien entendu « orienté » (étymologiquement, tourné vers l’Orient, comme le sont la grande majorité de nos églises) puisqu’il émane de l’Association d’amitié franco-coréenne. Il permet cependant de comprendre pourquoi la Corée du Nord, et pas seulement ses dirigeants, entretient une suspicion durable, sinon une haine, à l’égard des États-Unis. Quatre millions de morts ne s’oublient pas si facilement :
     
     
    Dans une tribune du Figaro  Marin de Viry déplore que le tourisme de masse (le premier poste de dépense dans le monde), en tuant la possibilité d’un ailleurs différent, ait mis fin à toute possibilité de voyage. Avec le marketing touristique qui balise le monde entier il n’y a plus de destination ouverte à la curiosité. Citant Bernanos pour qui le monde moderne est une conspiration contre toute espèce de vie intérieure, il ajoute « je crois que le tourisme est une des modalités de destruction de la vie intérieure ». Texte initialement publié en juillet 2014 :
     
     
    Thibault Isabel, rédacteur en chef de la revue « Krisis » présente son dernier livre « Pierre-Joseph Proudhon, l’anarchie sans le désordre » sorti en juin dernier, agrémenté d’une préface de Michel Onfray  :
     
     
    Entretien avec l’écrivain Olivier Maulin paru dans la revue Limite. 
     
     
    Retour sur Karl Polanyi, auteur de « La grande transformation » qui formula dès 1944 une réponse à la mystification entretenue par Friedrich Hayek concernant sa fable du « marché autorégulé par un ordre spontané ». Depuis cet argument de faussaire est devenu central dans tous les raisonnements des néo-libéraux. Article paru sur l’excellent blog de Philitt :
     
     
    Un article sagace de Nicolas de Lamberterie sur le site de Visegrad. La Hongrie qui n’est pas réputée pour accueillir chez elle tout ce que les industries de Soros et de tant d’autres nous présentent comme d’authentiques « réfugiés », fait une exception en se proposant d’intégrer à sa société une actrices iranienne convertie au christianisme. Mais le plus extraordinaire n'est pas là. Ayant fait des démarches auprès de la Suède l’actrice s’est vu refuser le statut auquel elle pensait avoir droit mais qui lui a été refusé sous prétexte de sa conversion. Ceci au moment où la Suède renonce à priver de leur citoyenneté les combattants islamiques de retour dans « leur pays ». Si les Hongrois prouvent ici un sens très affuté de l’humour, que dire des Suédois sinon qu’ils démontrent une fois de plus leur insondable bêtise :
     
     
    Sur son site l’écrivain Christopher Gérard rend compte de la mort de David Mata, gentilhomme des lettres et guerrier de l’Europe secrète :
     
     
    « La meilleure et la plus belle structure familiale est celle dans laquelle les enfants grandissent avec un père et une mère ». Propos et témoignages d’enfants élevés au sein de familles homosexuelles recueillis par Charlotte d’Ornellas :
     
     
    « La patrie est une réalité sociale concrète », un court texte de Julien Freund :
     
     

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  • La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque une bataille entre la droite et la gauche qui n'a pas eu lieu, celle des idées... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Bataille des idées ? La gauche a perdu, mais la droite n’a pas gagné !

    Manuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ». C’est une bonne nouvelle ?

    Quelle bataille ? Il est vrai que la gauche n’a plus rien à dire, mais la bataille des idées dont parle Manuel Valls n’a jamais eu lieu. Non parce que cette gauche devenue muette reste largement hégémonique dans les médias, et qu’elle n’apprécie pas qu’on cherche à la contredire, mais parce que la droite n’avait ni le désir, ni la volonté, ni les moyens de participer à une bataille de ce genre. La droite n’avait tout simplement rien à dire – ou peu s’en faut. Le domaine des idées n’obéit pas au principe des vases communicants. Vous avez vous-même cité François Huguenin : « La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus. » C’est ce que Pierre-André Taguieff remarquait lui aussi récemment : « La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée. »

    On pourrait, ici, faire un parallèle avec la fin du système soviétique. L’URSS ne s’est pas écroulée sous les coups de boutoir du « monde libre » mais sous l’effet de ses propres contradictions internes. Si la gauche n’a plus rien à dire, si elle a perdu son identité en désertant le combat culturel, ce n’est pas que la droite a réfuté ses idées, c’est que ses idées ont épuisé le cycle de leurs virtualités possibles, et surtout qu’elle a délibérément abandonné le socle idéologique qui faisait sa force, et nourrissait son imaginaire, en se ralliant plus ou moins honteusement au libéralisme économique et au système du marché.

    Depuis la Manif pour tous, il y a quand même une indéniable effervescence intellectuelle à droite. Épiphénomène ou lame de fond ?

    Il y a, en effet, quelques ébranlements ici ou là, mais on est loin du compte. Où sont les Taine, les Tocqueville et les Renan du XXIe siècle ? La droite n’aime déjà pas beaucoup les intellectuels, ces coupeurs de cheveux en quatre qui ont la faiblesse de croire que les révolutions culturelles ont des conséquences plus durables que les révolutions politiques. Les partis politiques, eux, pensent que les idées divisent et qu’entretenir le flou est la meilleure manière de rassembler. La droite d’aujourd’hui est idéologiquement déstructurée. Dans le passé, elle s’est laissée gagner par les idées de ses adversaires sans les reconnaître pour ce qu’elles étaient. Elle n’a jamais conçu de stratégie culturelle, car elle ne sait même pas ce que cela veut dire. Elle a cru qu’elle deviendrait « respectable » en multipliant les concessions. Elle cède aujourd’hui plus que jamais aux modes idéologiques qui ont historiquement affaibli toutes ses défenses immunitaires, à commencer par l’universalisme philosophique, l’idéologie des droits de l’homme et l’idéologie du progrès.

    La recomposition politique à laquelle on assiste actuellement annonce-t-elle aussi une recomposition idéologique ?

    Ce serait une excellente nouvelle, à condition qu’on puisse y croire, mais je doute que la scène politique soit propice à une refondation idéologique. Par nature, elle entretient plutôt la confusion. Il paraîtra sans doute excessif à beaucoup de dire que, lorsqu’on a telle ou telle position politique, on doit savoir aussi comment interpréter les plus récents acquis de la physique théorique ou de la biologique moléculaire. Et pourtant, il n’y a pas de conception du monde qui n’englobe pas tous les domaines de connaissance et de pensée. Mais sans aller si loin, on pourrait au moins exiger qu’en matière anthropologique, on ait un minimum de cohérence. Quelle idée se fait-on de l’homme ? Une idée philosophiquement classique ou une idée idéologiquement moderne ? Celle d’un être politique et social par nature ou celle d’un individu porteur de droits qui ne serait sur terre que pour maximiser son meilleur intérêt ? La société s’explique-t-elle par la sociabilité naturelle de notre espèce ou n’est-elle qu’un agrégat d’atomes individuels régi par le contrat juridique et l’échange marchand ?

    L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qui symbolise la réunification du libéralisme sociétal de gauche et du libéralisme économique de droite, pourrait en principe favoriser une clarification en faisant comprendre une fois pour toutes que le libéralisme est intrinsèquement « progressiste » et non pas conservateur, pour reprendre un mot qui revient à la mode. C’est ce qu’explique très bien Guillaume Bernard : « La combinaison du libéralisme et du conservatisme peut, de prime abord, apparaître séduisante : le libéralisme pour l’économie, le conservatisme pour la société. Mais c’est méconnaître la doctrine libérale, qui s’appuie sur l’individualisme et le subjectivisme. C’est en soi et par soi que chacun détermine son bien. Il n’existe pas de valeur objective, mais uniquement des consensus issus de la rencontre de volontés. Le libéralisme porte en lui la destruction des traditions sociales, alors qu’il n’est nullement nécessaire de s’y adonner pour combattre la spoliation fiscale des familles et des entreprises. » C’est ce qu’il faudrait comprendre si l’on veut gagner la « bataille des idées ». Les Républicains, eux, se veulent les représentants « de la droite et du centre ». Encore un oxymore !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 21 juillet 2017)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (32)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Dans le cadre de la Fondation Res Publica Jean-pierre Chevènement interroge Régis Debray (dubitatif) et Michel Onfray (affirmatif) sur l’idée de civilisation. Débat de haut niveau de par l’étincelant brio de ses protagonistes (vidéo) :

     
    André Perrin est l'auteur de « Scènes de la vie intellectuelle en France, l’intimidation contre le débat », livre d’un ancien inspecteur d'Académie très à cheval sur les règles de la bonne argumentation philosophique. Dans ce livre, il montre par quelles techniques la culture du débat s’est progressivement asséchée  en France laissant à la « pensée unique » tout l’espace de la libre controverse et muselant toute pensée alternative. Ainsi notre pays qui était autrefois le centre vivant de la culture de la « conversation » comme le dit Finkielkraut, est-il devenu une « école du lynchage médiatique » (titre de l’entretien que l’écrivain a accordé à David L’Épée dans le dernier numéro d’Éléments) où l’on pétitionne, non pour défendre la liberté d’expression, mais pour en prohiber l'exercice. Dans cette tribune du Figaro vox André Perrin prend la défense d’Éric Zemmour, tête de Turc des médias de propagande, qui vient d’être rappelé à l’ordre par le CSA pour « éloge de la discrimination », notion éminemment plastique qui se prête à toutes les manipulations. Il fait remarquer que les procureurs quand ils dénoncent ne cherchent pas à savoir si l’assertion des suspectés est vraie ou fausse mais à les rapporter aux conséquences néfastes qu’elle est susceptible d’engendrer. Il compare ensuite les tweets de Mehdi Meklat, laissés dans l’ombre par les médias aux condamnations effectives, par la rumeurs médiatique ou par la justice, de Renaud Camus, Olivier Pétré-grenouilleau, Alain Finkielkraut, ou de Richard Millet. L’exercice est probant… :

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/07/21/31003-20170721ARTFIG00227-zemmour-hanouna-angot-meklat-l-indignation-selective-des-vigies-de-l-audiovisuel.php

    Article d’André Perrin paru en mai  dans lequel il fait une longue et rigoureuse mise au point sur « Démocratie, tyrannie des minorités, paradoxes de la majorité ». Que veut-on dire quand on invite à respecter les minorités ? S’agit-il de respecter leurs intérêts particuliers, ou bien de respecter les droits inaliénables de tout être humain ? Et pour protéger les minorités, faut-il aller jusqu’à la promotion des privilèges ?   :
     
     
    Extension législative du domaine des « crimes pensée » au nom de la lutte contre toutes les formes de « racisme ». Un racisme qui « a aujourd’hui le dos si large qu’il permet de confondre toute personne qui aurait le culot de voir les différences culturelles autrement que pour les célébrer… ». Ainsi s’exprime Elisabeth Lévy à propos de la stupide loi « confiance ». Elle fustige « un consternant asservissement à l’air du temps et aux vaches sacrées d’une époque qui ne tolère plus que l’on ait quelque chose à cacher ». Elle s’en prend surtout, au delà de la grotesque transparence que la dite loi prétend promouvoir, au « forfait contre la liberté d’expression, donc, contre la démocratie, contenu dans l’article 1 de la loi, modifié au cours des débats par les amendements 572 et 621, dont Alain Jacubowics, le patron de la Licra, tient absolument à faire savoir urbi et orbi qu’ils ont été inspirés par son association ». Forfait supplémentaire à ajouter à tous ceux que les ligues de vertu, bras armés de la police de la pensée, et même des arrière-pensées, peuvent adjoindre à un palmarès conséquent. Plutôt que d’argumenter contre les idées qui leur déplaisent, nos pudibonds représentants, essentiellement les blaireaux d’En Marche, choisissent de les criminaliser. C’est assurément plus reposant pour leurs leucémiques méninges :
     
     
    Salutaire coup de gueule d’Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel à l’université de Rennes I, contre l’une des mesures adoptées par les députés prévoyant d’étendre le principe de l’inéligibilité aux personnes condamnés pour racisme, antisémitisme ou homophobie. « L’envie du pénal » qui se manifeste ici semble irrépressible et restreint le débat à la portion congrue des poncifs en cours. Comme le dit Elisabeth Lévy c’est le triomphe de « la République des chochottes », loin, très loin de l’impératif dialogique dont se targue pourtant la « société ouverte ». 
    Mais le plus accablant n’est il pas que tout cela passe comme une lettre à la poste, dans l'apathie d’une opinion amorphe tandis que les pseudo « insoumis » ne mouftent pas ? Le Front national, lui, est carrément aux abonnés absents. Ses électeurs apprécieront :
     
    Loin des incantations bien pensantes, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté met en garde contre ceux qui entendent mettre en place des dispositifs inhibiteurs imposés comme un nouvel ordre moral et destinés à proscrire la critique de l’idéologie diversitaire. Tribune libre du Figaro vox du 31 juillet 2017 dans laquelle il associe son esprit critique à ceux d’Anne-Marie Le Pourhiet et d’Elisabeth Lévy afin de combattre la tyrannie qui s'annonce. Si le politiquement correct peut intimider les velléitaires, séduire les jobards et enthousiasmer les fanatiques, aucun risque qu’il ne passe par lui.
     
    Toujours dans la même veine Marc Nacht s’en prend à « la police du langage » telle qu’elle apparaît dans la volonté du législateur. Le mot nous dit-il devient le premier coupable. « Sous son air bien-pensant, trop bien pensant, poursuit-il, cet amendement inaugure officiellement un processus d’exclusion des termes ne correspondant pas à la pensée correcte du moment. Un précédent tragique devrait nous mettre en garde contre ce genre de dérive, même en démocratie. C’est celui décrit par Victor Klemperer dans « LTI, la langue du III Reich » où l’officialisation autoritaire du déni de réalité vise à remplacer les mots de la pensée qui désignent l’évidence des faits par des périphrases ou d’autres mots qui masquent la véritable nature de ces faits… Ne pas pouvoir nommer autrement que par ce qui est convenu est l’ABC du totalitarisme… ». On pourrait en dire autant de la fameuse « langue de bois » qui avait cours dans les démocraties populaires :
     
     
    Jure Geoges Vujic publie dans Polémia une tribune intitulée « Une praxis révolutionnaire et conservatrice est-elle encore possible ? ». Prenant acte de l’inexistence d’une telle praxis, susceptible de transformer les rapports sociaux, les façons de sentir et de penser, face à celle bien réelle et fort agissante du capitalisme libéral associé au discours libertaro-sociétal, il propose de penser une nouvelle praxis « révolutionnaire » remettant en cause celle hégémonique de la « valeur marché ». Ce qu’aucune force réputée « populiste » n’est en mesure de faire. Réflexion capitale sur la nécessaire repolitisation du « système des objets » :
     
     
    Le site « Les Crises » souvent bien inspiré, est animé par Olivier Berruyer. Il reprend un entretien de Coralie Delaume avec Hadrien Desuin qui vient de publier « La France atlantiste » aux éditions du Cerf. Le géopoliticien y reprend les arguments avancés dans son livre pour montrer une diplomatie nationale complètement phagocytée par les néo-conservateurs français, oeuvrant pour liquider l’héritage « gaullo-mittérrandien ». Au cours de sa démonstration il revient sur l’origine de ses néo-conservateurs, presque tous issus des ONG humanitaires des années 70 et 80, qui soldaient dans le « droit d’ingérence » leur passé communiste ou trotskiste. Référence aux travaux de Jean-Robert Raviot  :
     
     
    Les 26 et 27 mai, premier colloque eurasiatique à Chisinau en république de Moldavie. Il était organisé par le mouvement eurasiste, l’Université Populaire de Moldavie et le comité Jean Parvulesco. Étaient présents l’ancien vice-premier ministre de Moldavie Iurie Rosca, l’essayiste français Hervé Juvin, le philosophe russe Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy dirigeant d’une association humanitaire française d’aide aux enfants du Donbass. La tonalité générale du colloque était centrée sur la lutte contre la globalisation et l’hostilité à l’impérialisme des thalassocraties anglo-saxonnes qui signifie uniformisation marchande de la planète, individualisme et cosmopolitisme. Elle était orientée, dans une perspective de paix, sur une réalité d’ores et déjà en train de s’esquisser, celle d’un nomos de la terre ordonné à la constitution de grands espaces, à la multi-polarité et à la souveraineté des peuples. Compte-rendu par une équipe de TV Libertés :
     
     
    Une intéressante contribution de Pierre-Henri Picard au débat sur la reconstruction d’une droite assumée :
     
     
    Dominique Baettig, ancien conseiller national suisse, tire les leçons du désenchantement des milieux nationaux et identitaires européens après les défaites électorales qu’ils viennent de subir. Ne pas s’en remettre à des partis politiques qui, par la force des choses, entrent plus ou moins dans le moule et s’organiser de façon autonome sur le plan local en y multipliant les liens de solidarité concrète, soutenir les sites de réinformation, « promouvoir les valeurs d’enracinement, de démocratie de proximité, du localisme » et favoriser les entreprises qui tendent vers la décroissance :
     
     
    Michel Drac chronique lumineusement un livre de Jean-Michel Vernochet intitulé « Les égarés » (éditions Sigest). Celui-ci est centré sur la question du wahhabisme dans lequel il voit non seulement une hérésie intransigeante mais une idéologie de combat rivale de l’islam traditionnel. En somme un contre-islam pratiquant « un rigorisme au delà de toute raison » adossé paradoxalement à l’idéologie anarcho-libérale du capitalisme contemporain. Ce wahhabisme régressif (du point de vue progressiste occidental), encore appelé « takfirisme » est l’objet de toutes les manipulations, notamment de la part des anglo-saxons, anglais d’abord puis américains. Intéressante réflexion, par ailleurs, sur le protestantisme européen comparé au protestantisme américain, et sur les points communs de représentation du monde entre le calvinisme puritain et le wahhabisme, même si ils s’insèrent, bien entendu, dans des catégories très différentes de la foi  :
     
     
    Toujours aussi impertinente avec les puissants, tant qu’ils ne sont pas alignés sur la moraline occidentale spécialisé dans la production industrielle du Bien, la presse française s’est trouvée, depuis quelques années, une nouvelle cible. C’est ainsi que l'exercice russophobe est devenue une activité banale pour les médias français. L’invitation à Paris de Valery Gergiev, l’un des meilleurs chefs d’orchestre du moment, à l’occasion de la célébration du 14 juillet a ainsi permis à la presse de propagande de donner toute sa mesure. Choix « polémique » d’après France musique, « l’intriguant maestro de Poutine » d’après Les échos, « sulfureux » selon L’Obs, qui va jusqu’à reprocher à Gergiev d’avoir dirigé à Palmyre après sa première libération des fanatiques de l’organisation de l’État islamique. Il est vrai que Valery Gergiev n’était en France que pour célébrer le centenaire de la présence des 40 000 hommes du corps expéditionnaire russe qui ont combattu aux cotés des poilus dans la grande boucherie de 14-18. Mais voilà, ce chef exigeant est aussi un ami du président Poutine. Scandale ! Tandis que le président Macron reçoit en grande pompe les chanteurs Bono et Rihanna sous les commentaires dithyrambiques de nos médias… : 
     
    première référence issue de la lettre hebdomadaire de Slobodan Despot :
     
    deuxième référence issue du site « Stoprussophobie » :
     
     
    Slobodan Despot donne quelques nouvelles du Decodex du Monde crée avec l’argent de Google (et du contribuable) et présenté, sans rire, par ses concepteurs, comme un « outil de vérification de l’information ». On pensait que cette remarquable innovation avait rejoint les poubelles de l’histoire tant elle avait disparu des écrans radar. Il n’en est rien (première référence). L’ Observatoire des Journalistes et de l’ Information Médiatique (OJIM) a consacré en mai dernier une excellente vidéo à cette nouvelle Pravda (ou du ministère de la vérité d’Orwell) relevant ses parti-pris, ses erreurs et 
    ses fréquentes manipulations (deuxième référence) :
     
     
     
     
    Deux réponses fort bien tournées et à vrai dire plutôt subversive à son excellence Bernard-Henri Lévy après sa philippique du Point (le 20 juillet) où il accusait sans raison Le Monde Diplomatique de nauséabondes complicité avec les heures les plus sombres de notre malheureuse histoire. Celle pleine d’humour (noir) de Paul-Éric Blanrue tout d’abord (première référence), puis celle plus compassée du physicien Jean Bricmont. Celui-ci proche de Noam Chomsky, traite dans ses ouvrages de la censure et de la propagande dans les régimes démocratiques. Il est l’un des champions d’une liberté intégrale de l'expression publique (seconde référence) : 
     
     
     
    « Terre et mer », l’ouvrage de Carl Schmitt paru originellement en 1942 et préfigurant « Der nomos der Erde » (1950) vient d’être réédité par les éditions Pierre-Guillaume de Roux. Doté d’une substantielle et érudite introduction (93 pages) signée d’Alain de Benoist, il est post-facé par Julien Freund (texte de 1985, pour la première édition en français de Terre et mer, parue aux éditions du 
    Labyrinthe) : 
     
     
    Courte notice d’Aristide Leucate sur cette réédition :
     
     
    Le numéro 80 de « Rébellion » vient de sortir. Au sommaire des entretiens avec Thibault Isabel (comme toute plante qu’on arrache à la terre, notre civilisation est en train de faner), Alain de Benoist (Deux France qui n’ont plus rien en commun), un article sur cinéma et politique (Pasolini, le corsaire solitaire) etc :
     
     
     
    Secrétaire général de la Fédération national de l’agriculture biologique, Guillaume Riou répond aux questions de Libération à propos du gouvernement Macron qui à décidé de geler les aides aux productions de l’agriculture biologique, ce qui va à l’encontre de la forte demande des agriculteurs conventionnels pour passer au bio. Selon Riou le gouvernement, obéissant à des groupes de pression multiples, favorise ainsi les grandes exploitations industrialisées de forme céréalières, si possible exportatrices et fait le choix de l’agro-business :
     
     
     
    Dans une tribune du Figaro Natacha Polony que l’on sait partisane de la décroissance revient sur les problèmes évoqués ci-dessus et sur « le jour de dépassement » fixé cette année au 2 août. Ce jour de dépassement signifie qu’au delà de cette date l’humanité aura cessé de consommer l’ensemble des ressources que la nature peut renouveler en une année. Le jour du dépassement était en 1985 fixé au 5 novembre; en 1997, fin septembre. Il avance inexorablement sans que les hommes ne prennent les mesures qui s’imposeraient pour en reculer l’échéance. Croissance du PIB et croissance de la population mondiale jusqu’à la catastrophe finale ?
     
    Le mensuel La Décroissance, sous-titré « Le journal de la joie de vivre » publie dans son numéro de juillet-août un succulent dossier sur le thème « Déradicalisons les progressistes ». Ce voyage critique dans l’immense galaxie des croisés du progrès s’attaque aussi bien aux politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, qu’aux intellectuels, de Bernard Stiegler à Michel Serres et Luc Ferry. La cible privilégiée de ce mensuel demeure néanmoins les « écotartufes », ces « Verts » qui militent pour une « croissance écologique » ou un « capitalisme vert »; illustration de la politique de l'oxymore: 
     
     
    La France toujours plus moche. C’est Slate qui le dit, à juste titre. Mais pourquoi un tel saccage ? L’enquête ne répond nullement à cette question pourtant essentielle. Comme disait Jacques Bénigne Bossuet dans un célèbre sermon : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes »  :
     
     

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  • Une évocation de Carl Schmitt...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit Aristide Leucate, docteur en droit, journaliste et essayiste, et Alexandre Franco, universitaire, professeur de philosophie au Portugal et au Brésil. Ils évoquent ensemble la figure et la pensée de Carl Schmitt, le grand juriste et philosophe politique allemand, auteur notamment de La notion de politique (Calmann-Lévy, 1972 et, en collection de poche, Flammarion, 1992).

     

                                         

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  • Les saints et les ascètes sont rarement des machiavéliens !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question des relations entre morale et politique... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Alain de Benoist : Morale et politique - saints et ascètes sont rarement des machiavéliens !

    Dès son élection, Emmanuel Macron a fait de la « moralisation de la vie politique » son cheval de bataille. Là-dessus, Richard Ferrand et le couple François Bayrou-Marielle de Sarnez ont été obligés de quitter le gouvernement dans les conditions que l’on sait. Vous en pensez quoi ?

    Honnêtement, rien du tout. Les histoires d’emplois fictifs, de comptes en Suisse, d’attachés parlementaires, de mutuelles bretonnes et que sais-je encore ne sont là que pour amuser la galerie. Elles ne sont là que pour distraire, au sens pascalien, une opinion publique qui n’est déjà plus depuis longtemps en état de distinguer l’historique de l’anecdotique. Leur seul effet positif est de discréditer toujours un peu plus une classe politique qui a effectivement démérité, mais pour de tout autres raisons. En dehors de cela, elles conduisent à croire que la vie politique doit se dérouler sous l’œil des juges, en même temps qu’elles généralisent l’ère du soupçon au nom d’un idéal de « transparence » proprement totalitaire. Et le mouvement s’accélère : on reprochera bientôt aux ministres de s’être fait offrir des caramels mous et d’avoir oublié de déclarer leur collection de moules à gaufres dans leur déclaration de patrimoine.

    Quant aux lois destinées à « moraliser la vie publique », elles resteront à peu près aussi efficaces que celles qui prétendent moraliser la vie financière. Depuis le scandale de Panama (1892) – pour ne pas remonter plus haut -, les « affaires » ont de tout temps émaillé la vie politique. Pour y remédier, on légifère à grand bruit mais dans le vide. En bientôt trente ans, ce ne sont pas moins de dix lois différentes qui ont été adoptées à cette fin, depuis la loi du 11 mars 1988 sur la « transparence financière de la vie politique » jusqu’à celle du 9 décembre 2016 relative à la « lutte contre la corruption », en passant par celle du 29 janvier 1993 sur la moralisation des campagnes électorales et des procédures publiques. Aucune de ces lois n’a empêché de nouvelles « affaires » de surgir. Il en ira évidemment de même de celle que prépare le gouvernement.

    Serait-il plus immoral de se faire offrir des costumes en douce (François Fillon) que d’attaquer la Libye (Nicolas Sarkozy), avec les résultats politiques que l’on sait ?

    Évidemment pas, mais avec cet exemple, vous abordez indirectement la véritable question qu’il faut se poser : celle des rapports entre la politique et la morale. Tout le monde, bien entendu, préférerait être gouverné par des dirigeants intègres plutôt que par des corrompus. Mais la politique n’est pas un concours de vertu. Mieux vaut une franche fripouille, voire une sinistre crapule qui fait une bonne politique (il n’en a pas manqué dans l’Histoire), qu’un brave homme aux qualités morales incontestables qui en fait une mauvaise (il n’en a pas manqué non plus) – et qui, du même coup, discrédite jusqu’à ses qualités. La politique a pour but d’atteindre des objectifs politiques, pas des objectifs moraux. Ce qui a manqué à Louis XVI, c’est d’être aussi Lénine et Talleyrand. Les saints ou les ascètes sont rarement des machiavéliens !

    La vérité est que les qualités politiques et les qualités morales ne sont pas de même nature. Elles n’appartiennent pas à la même catégorie. La politique n’a pas à être gouvernée par la morale, car elle a sa propre morale, qui veut que l’action publique soit ordonnée au bien commun. Elle n’est pas ordonnée à l’amour de tous les hommes, ou à l’amour de l’homme en soi, mais se préoccupe d’abord de ce que peut être le destin de la communauté à laquelle on appartient. À ceux qui pensent avoir tout dit lorsqu’ils ont proclamé que « tous les hommes sont frères », rappelons que la première histoire de frères est celle du meurtre d’Abel par Caïn.

    La politique morale, émotionnelle et lacrymale, la politique des bons sentiments est en fait la pire politique qui soit. La politique qui consiste à multiplier les ingérences « humanitaires » au nom des droits de l’homme aboutit régulièrement à des désastres, comme on peut le voir aujourd’hui au Proche-Orient. Celle qui nous commande d’accueillir avec « générosité » tous les migrants de la planète confond tout simplement morale publique et morale privée. Celle qui consiste à gloser sur les « valeurs » pour mieux ignorer les principes est tout aussi invertébrée. Le politiquement correct relève lui aussi de l’injonction morale, pour ne rien dire de la « lutte-contre-toutes-les-discriminations ». Cette politique morale prend malheureusement toujours plus d’ampleur à une époque où le « bien » et le « mal », tels que les définit l’idéologie dominante, tendent de plus en plus à remplacer le vrai et le faux. Là comme ailleurs, le politique doit reprendre ses droits.

    Et Simone Veil au Panthéon ?

    Simone Weil n’y est pas.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 17 juillet 2017)

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  • Face aux fondamentalismes, ia réponse polythéiste !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°167, août - septembre 2017) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à l'actualité du polythéisme face aux fondamentalismes, dans lequel on pourra lire, notamment, un échange entre Michel Onfray et Alain de Benoist,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , avec de nombreux articles passionnants sur des thèmes aussi variés que la musique industrielle, la série Twin peaks, le lynchage médiatique ou la bombe démographique africaine. Une mention spéciale pour la couverture et sa charmante Grâce, qui nous livre son plus beau profil !...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

    Eléments 167.jpg

     

    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Les mœurs

    Forum

    L’entretien

    Le renouveau de la presse d’opinion

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : La liberté Daudet

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Cinéma : Bernard Menez

    Champs de bataille : La pluie de Valmy

    Musique : Aux sources du jazz

    Sciences

    Le combat des idées

    De quoi le terrorisme est-il le nom ?

    L’Europe est-elle condamnée à subir le terrorisme ?

    À l’école du lynchage médiatique

    Quel sens donner à la guerre ?

    Les migrations pour les nuls

    Face au second choc migratoire, par Jean-Paul Gourévitch

    La bombe démographique africaine, par Bernard Lugan

    La décroissance : entretien avec Serge Latouche

    Chávez, une révolution inachevée

    La musique industrielle et la vieille Angleterre

    Twin Peaks le retour

    Éric Rohmer, un héritier du Grand Siècle

    Sa majesté Wyndham Lewis

    Le centenaire de Léon Bloy

    Dossier

    Face aux fondamentalismes, la réponse polythéiste

    Pour un réenchantement païen du monde

    La rencontre : Michel Onfray, Alain de Benoist

    Cheyenne-Marie Carron coté chrétien

    Cheyenne-Marie Carron côté païen

    Ces écrivains catholiques que le polythéisme attire

    Claude Seignolle, le réenchanteur

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Incorporated, la Metropolis du futur

    Philosophie : Qu’est-ce que la détresse ?

    L’esprit des lieux : Rome

    C’était dans Éléments : Les écrivains ressuscitent les dieux

    Éphémérides

     

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